Thématique

Le « souci de l’autre » et le soin au fondement de la vie humaine dans l’écosystème global

Vulnérabilités – Solidarité – Résilience – Soin –Empathie et Sollicitude – Rencontres intergénérationnelles – Ecologie et respect du vivant

« La vulnérabilité est une vérité de la condition humaine, partagée par tous, et pas uniquement par ceux qui font l’expérience plus spécifique de la maladie »
Le soin est un humanisme de Cynthia Fleury

« La reconnaissance de notre vulnérabilité est la clef pour avoir de la considération envers les autres êtres sensibles »
Éthique de la considération de Corine Pelluchon

À l’heure où nous prenons conscience de nos propres vulnérabilités, la question du soin ou du care prend une dimension tout à fait inédite : le care, souvent traduit par soin, mais aussi par sollicitude, attention, ne se limite désormais plus au domaine privé ou professionnel du soin, et ce changement d’échelle apparaît comme salvateur, fécond. En effet, à l’ère de l’anthropocène-capitalocène, la vulnérabilité se révèle d’autant plus à nous comme déterminante de notre condition humaine, et même de notre condition de vivants.

… Ainsi, prendre en compte l’autre dans sa vulnérabilité mais aussi la complexité de son existence, de son rapport au monde est la promesse d’accéder à d’autres univers : « prendre soin », c’est d’abord reconnaître l’autre dans son altérité, pour pouvoir le protéger, respecter son intégrité pour garantir celle-ci, et aider cet autre à s’épanouir dans une cohabitation féconde. Cette relation d’attention et de soin est le fondement d’une vie « en commun », et d’une attention portée aux « communs”.

« Prendre soin » ne serait donc plus réservé à une certaine catégorie de personnes, très souvent féminine et dont la tâche reste le plus souvent invisibilisée, voire subalterne… mais serait au contraire enfin reconnu comme une caractéristique essentielle de notre relation à l’autre, dans un lien d’interdépendance, souhaitable et heureux. Longtemps, il a été exclusivement question d’autonomie et de liberté, au point que nous en oublions à quel point nous sommes tous reliés : humains, animaux, plantes, etc. pris dans un vaste écosystème terrestre vis-à-vis duquel nous sommes responsables. Car si nous sommes tous vulnérables, nous sommes également tous responsables, non pas au niveau causal, mais surtout au niveau éthique. Tous les vivants n’ont certes pas la même capacité de nuisance, et donc la même responsabilité dans les dégâts causés (c’est d’ailleurs pour cela que nombre d’auteurs parlent de capitalocène, plus que d’anthropocène), mais nous avons tous la responsabilité éthique de prendre soin de nous-mêmes, des autres qui nous entourent et auxquels nous sommes reliés… c’est-à-dire in fine à la planète entière.

Dans cette perspective, le care est posé en véritable éthique, comme projet politique et social : il permet de concevoir une nouvelle manière d’organiser la société, et de redéfinir ce que sont l’Etat, les biens communs ou encore la citoyenneté. Partager par exemple la charge du care plus équitablement : les hommes et les femmes, les nationaux et les étrangers, les diplômés et les non/peu qualifiés, etc. Toujours dans cette perspective, le care permet d’entrevoir des sociétés fondées sur l’attention et l’entraide, sur l’intelligence collective aussi, plutôt que sur la performance et la compétition. Cette responsabilité est éminemment porteuse d’émancipation et de créativité, elle est source d’épanouissement et de capacité à « faire relation » avec les autres. Son pendant est aussi évidemment la résilience, dont nous sommes tous également porteurs.

Ici encore, l’anthropologie, les sciences humaines ou les arts sont à mêmes de rendre visible ce qui est habituellement invisibilisé, de mettre en lumière les liens qui nous définissent et nous permettent de vivre ensemble, d’en révéler la beauté en même temps que la valeur éthique. L’ethnographie porte son attention sur le quotidien, sur le « banal », mais aussi sur l’exceptionnalité de nos conditions individuelles et collectives, sur leur « irremplaçabilité » (Cynthia Fleury). Elle contribue à rétablir de la dignité là où il y a de la négligence et de l’oubli… et seule la reconnaissance de cette dignité peut restituer aux individus leur droit à être considérés, aidés, réparés, protégés, et finalement leur permettre d’exister pleinement. Rendre visible, rendre intelligible, susciter l’empathie, tel est l’enjeu d’un tel travail d’archéologie des pratiques et des routines, des représentations et des affects.

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